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Souvenirs d'un instituteur (4 ème partie)



Souvenirs d'un instituteur
 (4 ème partie)


Lorsque tu es seul, livré à toi-même, ta pensée s'ouvre" , s"ouvre" largement.Nul obstacle ne vient restreindre son étendue. Elle peut aussi déraper. Mon imagination s'était affranchie de toute contrainte, les "disciples", ayant déserté les lieux!

Oh! repose-toi, triste cervelle! Laisse-nous nous reposer! Laisse-nous nous réjouir de ce calme absolu!.Ne me préoccupe pas avec ce qui s'est passé et ce qui va venir! N'essaie pas surtout de deviner ce que doivent entreprendre à l'université, ces camarades qui ont raté le concours d'entrée au centre de formation des instituteurs et institutrices!. Ne devine pas ce à quoi j'aurais aspiré si j'étais demeuré au "plat pays". Je suis maintenant dans les "hauteurs"!. Laisse-moi tranquille! misérable cervelle!.
Est-ce que tu te rappelles Nassim, l'ami intime?.C'était un camadre de classe et de pupitre.Vous vous baladiez ensemble, vous mangiez du pain et du thon chez "al Ayachi" pour juste deux dirhams. Vous étiez inséparables! . Vous ombres s'entrelacaient. Pourtant, toi tu t'en sortais mieux à l'école! tu étais toujours le premier de ta classe! Non? tu te rappelles?.En ce moment,tu sirotes ton thé dans la "maison des pupitres",perché là-haut entre les sommets.Lui, il est en train de déguster un "panaché" au café ( le panaché est un mélange de fruits apprécié et signe d'"aisance")(NdT) au café "City", avec une clique d'anciens et de nouveaux amis, juste en face de la fac. Bientôt, il décrochera un diplôme. Il n'a qu' à réussir les cinq modules. Il sera affecté au lycée où vous aviez étudié au Secondaire. Il sera collègue avec el Houari, prof du français, mon préféré.
Tais- toi, mesquin!, je suis "instit" et j'en suis fier et il me suffit d'être comparé à un prophète. C'est moi qui illumine les esprits obscurs.
-Tu illumines des esprits et tu n'a plus personne pour éclairer la noirceur de tes nuits! . Tu te rappeles, malheureux, ton pote Samad, Mohammed...et...et...Ils sont mieux lotis. Ils vont tous obtenir des diplômes et toi, tu sera là, cloisonné dans la cellule 9,la macabre cellule 9
(les instituteurs viennent en général de familles modestes. Ils deviennent enseignants après avoir décroché le bac et passe un concours. Ils ont le sentiment persistant de n'avoir pas fait de bonnes études universitaires et entre eux et leurs anciens collègues de lycée s'installe une drôle de jalousie et d'envie. Les uns croient que les autres sont assez chanceux pour poursuivre de longues études prestigieuses et de vivre dans le luxe tandis que les derniers envient les premiers pour avoir décroché un métier et du coup avoir "assuré" l'avenir.
Les distinctions ne sont pas seulement entre les "instits" et les autres mais aussi entre eux-mêmes. On peut trouver deux collègues qui font le même boulot mais l'un est payé le double de l'autre sous un vague justificatif du diplôme. D'autres se trouvent "rangés" dans une échelle. L'échelle devient une cellule. La cellule 9 est la moins payée . Dans mon cas particulier, j 'ai eu ma promotion d'échelle la même journée où j'ai eu mon visa pour le Canada. ).(NdT)
ô,bavard! Sois sage!, arrête ces inutiles bavardages sinon, je vais t'assomer avec une de ces grandes roches qui ne manquent pas dans ce coin perdu! .
... Oh! mon Dieu, je veux juste me reposer! ce maudit sommeil est introuvable!
Vais-je te donner des nouvelles des collègues au centre?.Abdel hak a eu une école à côté d'une route asphaltée,une vraie maison avec une salle de bain digne de ce nom, quoique une dizaine de collègues la lui "disputent". Il peut s'estimer chanceux.(Quand on est affecté dans des coins rustiques, certaines choses très ordinaires deviennent un "luxe").(NdT)
-Ah! tu as raison, parfois... Tu as eu la pire affectation!. Je suis le seul confiné dans les montagnes de Saghro lesquelles m'enlacaient si fort, m'assiegeaient dans une étreinte si asphyxiante, si envahissante. Elles s'accrochaient à moi comme l'aurait fait un gamin pour une pièce de monnaie. Il la serrait si fort que sa main ruissela de sueur et la pièce en devint marquée de sa saleté et de ses empreintes.!
... Mais où est partie l'électricité? comment irai-je charger mon cellulaire?.Ledit gadget ne servirait plus que pour m'indiquer le chemin vers la vaste salle de toilette "digne" d'un ministre? ne pourrais-je ramener une télé et une antenne parabolique qui ornerait le toit de ma "demeure",la demeure meublée de pupitres qui est si fièrement mienne? Pourrais-je me procurer cet appareil pour occuper ce temps libre et vide dont je ne sais plus quoi faire? et les lueurs blanchâtres et fontomatiques des bougies seraient-elles suffisantes pour écrire mon cahier-journal dont les différentes couleurs servaient pour distinguer mes niveaux multiples.Ce cahier-journal, cette bible de "l'instit" , me rappellait le tapis multicolore de ma mère et dont les couleurs représentaient les niveaux et les nombreux fils, les disciplines et les objectifs et tout le jargon du métier.
Est-ce que mes bougies suffiraient-elles pour préparer des dizaines de fiches?. Des fiches qui ressemblaient à des kleenex utilisables et jetables, juste une fois... et l'on devrait les consigner pour s'en servir, probablement, l'an prochain!
La lumière, l'électricité, n'en parlons plus! Apprends-toi à apprivoiser le silence. Ce sont ces bavardages et ta tête "dure" qui t'ont ramené ici!
Dors! essaie de dormir! dors tôt et réveille-toi tôt. Ne dit-on pas que se réveiller tôt c'est comme l'or trouvé?
Et l'eau? l'eau est là-bas au pied de la montagne!.Il y a un puits tout proche de l'oued. Il suffit de prendre un bidon d'huile vide, de lui accrocher une corde et de le jeter au fin fond puis tirer un peu d'eau .Sois parcimonieux dans l'usage de l'eau car si le puits est généreux avec les "instits" et les autres, les va-et-viens sont épuisants!.
Mais la douche?Toi qui était si propre et si élégant. N'y pensons plus!.la maison-classe n'étant pas bien isolée,tu risques la pneumonie et puis ces regards si indiscrèts des campagnards! .Ils sont pudiques mais il y a toujours une brebie égarée ou galeuse et ta pudeur sera livrée en pâteur. Dans le doute, vaut mieux s'abstenir!
Et si tu es un nostalgique gourmand! si tu veux un morceau du chocolat pour sucrer ta vie amère! ou une livre de lentilles pour assouvir la colère de ton estomac affamé! nulle épicerie dans les parages!tu n'as qu à 'attendre le jour J, le jour du souk et surtout ne manque pas la "transit"! . Pas de "transit"!pas du souk et pas de nourriture!. C'est la disette assurée!
Je vois que tu t'es lancé dans des pensées sans fond, des rêveries sans fin. Tu es en train de nager des mers profondes et périlleuses et nul ne sait si c'est toi qui s'est buté à la roche ou c'est la roche qui t'a cherché pour te cogner! . Elle est à ce que je sache, immobile dans sa place comme l'ennui. La roche qui hante ton cerveau divaguant.
Arrête de tenir des propos inutiles! tu m'as entraîné vers les ténèbres, vers ces inconnus qui jalonnement les esprits morbides.
Ah! mon crâne! je sens que tu es un moulin du vent qui ne s'arrête pas de tourner pour engendrer des idées qui se bousculent, qui se bagarrent, qui plaisantent parfois comme ces tempêtes qui ne se fanent jamais. Ô, mon Dieu!. Je vais devenir fou à cause de ces pensées incontrôlables. Est-ce que je deviendrais fou?
Oh! mon Dieu!. Diable!. Comment osez-vous établir une "école" avec un seul maître en guise du personnel?
Youssef el Ansari
Traduit par:Mostapha Lotfi Glillah

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