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Souvenirs d'un instituteur (5 ème partie)



Souvenirs d'un instituteur

(5 ème partie)



... J'ai passé toute la nuit à penser. J'étais submergé par des idées néfastes et morbides. Je n'ai pas bien dormi. Pourtant, cela ne m'a pas empêché de me lever tôt, au petit matin .
C'est le jour J,le premier jour de classe, mon premier jour comme instituteur. J'ai fait mes ablutions sur le seuil de la "classe - maison". J'ai préparé mon petit déjeuner : du thé, de l'huile d'olive, un morceau du pain et quelques gâteaux qui me rappelaient ma pauvre mère qui devrait s'inquiéter là-bas à Meknès pour mon" triste sort". Je sirotais mon thé avec plaisir et gratitude. Je méditais ce calme absolu. Un calme qui contrastait avec ce volcan qui dévorait mes entrailles. Une tempête de questions et d'interrogations qui inondaient mon esprit comme une pluie abondante.
Comment irais- je me présenter devant mes élèves? devrais-je leur parler assis ou debout? irais-je bouger dans la classe ou m'immobiliser dans une seule place? parlerais- je à haute voix, à voix basse ou crierais-je?... et si je perdrais ma voix?... et si ils ne m'écouteraient pas malgré le plus haut volume??? et si ils ne m'accorderaient aucune attention tout en ayant ce sentiment désolant d'être un "pilier" de plus pour soutenir ce toit au point de tomber sur nos têtes?.
Ce matin, j'ai enfilé mon tablier blanc.Il était ridé, crispé par ces lessives que j'ai cessé de compter.Il me rappelait encore ma condition d'étudiant en quête de connaissances et de savoirs. J'étais engagé sur une voie truffée de mystères et d'énigmes. Hélas, je ne savais pas qu'elle ne mènerait nulle part! quel gâchis! des études si prometteuses qui aboutissent à l'impasse!
Je l'enfile maintenant comme enseignant. Serais-je à la hauteur de cet "uniforme"? Serais-je digne de cette mission prophétique?
Je me suis dirigé vers la classe de pisé. De petits enfants étaient déjà devant la porte. Ils murmuraient. Ils lorgnaient d'un bout d’œil le nouveau maître. J'avais la sensation d'un conquérant. La posture debout raide et la tête haute( l'auteur parodie une chanson très connue du chanteur libanais Marcel khalifé écrite par Mahmoud Darwish ou Samih El kassim) .Je marchais avec une grande confiance et fierté. Je portais dans ma main la clé mais non, je ne portais pas mon cerceuil sur mon bras. Qu'il attend mon cercueil ! je suis trop jeune pour mourir.
J'ai ouvert la porte. J'ai dû m'incliner tellement elle était basse. Ma fierté m'a quitté et la fermeté de ma posture aussi. Enfin, j'étais livré à ma classe qui résistait à la noirceur de cette matinée sans soleil.
Devant moi, dix-huit pauvres enfants étaient assis, parfois à trois sur de vieux pupitres. Ces enfants étaient divisés en quatre niveaux : le premier, le troisième, le cinquième et le sixième. (D'après ce qu 'on sait, un seul enseignant est affecté dans cette école. Donc, où bien il n' y avait pas de deuxième et du quatrième ou il n'y avait pas d'enseignant pour ces deux niveaux. Au Maroc, on ne doit pas s'étonner!! اذا كنت في المغرب فلا تستغرب! )NdT. La classe avait deux tableaux :l'un pour le premier, l'autre pour les trois autres niveaux. Les deux groupes s'asseyaient orientés vers des directions différentes. Ils avaient l'air de ces formes géométriques qu'on dessine grâce à la symétrie axiale.
Les enfants étaient superbes. Ils étaient humbles et timides. Leur timidité est un caractère essentiel de leurs mœurs. Ils vous parlaient sans lever vers vous les yeux. Leurs connaissances étaient minimes et entre leurs aptitudes et compétences acquises sur le tas et les objectifs projetés par les manuels scolaires, il y avait un fossé. Un fossé aussi immense que celui qui sépare la terre et le ciel. J'étais désolé de constater que les élèves de la sixième année, qui devraient passer l'examen décisif de fin d'année pour décrocher le certificat des études primaires, étaient incapables de former des phrases complètes tant au niveau écrit qu 'au niveau oral. Je ne les blâmais pas pour autant. Je ne blâmais pas mes prédécesseurs qui les avaient enseignés.Je ne blâmais pas le directeur, ni l' inspecteur.Je ne blâmais pas leurs familles ni leur douar.
Je devrais plutôt demander des comptes à un système éducatif défaillant et pourri du haut de la tête à la pointe des pieds. Ces pauvres gosses étaient les victimes d'un cruel destin, un triste destin qui a fait d'eux les enfants d'une contrée trop intéressée aux chiffres "gonflés" de performances douteuses et pas assez à la qualité d'un enseignement en chute libre.
Ma première journée d’instituteur venait de s'achever. J'ai quitté la classe, la taille courbée et la tête baissée. Je marchais et je me disais :"qu'est ce que j'avais fait? pourquoi, j'avais mis ma tête dans un guêpier?
À suivre
Youssef El Ansari
Traduit par:Mostapha Lotfi Glillah
Photo de youssef el Ansari
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