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Souvenirs d'un instituteur ( partie 3)



Souvenirs d'un instituteur
 ( partie 3)


De bonne heure, très tôt, j'ai ouvert les yeux sur la réalité. Je l'ai contemplée d'un regard si profond et si désabusé. Partout où ma vue pouvait se porter, il y avait des montagnes, des montagnes, des montagnes qui n'en finissent guère. Comme ll est insignifiant l'être humain devant ces géants blocs de pierre! . La nature s'offrait majestueusement et mélancoliquement devant mes yeux. J'étais comme une fourmi égarée, perdue au milieu d'un troupeau d'éléphants.
J'ai pris, les clés de "l'établissement". Je voulais découvrir mon "nid" , mon "royaume".
J'avais quitté la maison de mon hôte. Je devrais arpenter la pente. L'école, était un endroit "orphelin" sur la crête de la montagne. Il était construit selon une architecture qui contrastait avec l'entourage environnant. C'était un établissement en dur. Il avait l'air si fier. Il contemplait "la plaine" avec un air condescendant et méprisant.
L'école consistait en une classe, une seule adossée à une chambre. Le tout construit en pierres et terre. Les campagnards avaient supplié à l'État pour "loger" son unique représentant, le "maître d'école" . Ces "oubliés" fournissaient de grands efforts pour soulager ses souffrances. Néanmoins, ils étaient pauvres. Le terroir était lui-même pauvres. Les pauvres devraient aider les pauvres!. La classe était "orpheline" comme je l'étais moi-même. Je n'avais pas de collègue. Je n'avais pas à mes côtés quelqu'un pour essuyer mes larmes au comble de ma fragilité,pour écouter mes soupirs lorsque les temps prennent une tournure infernale. Qui va écouter ma parole? qui allait-je consulter lorsque je serais en butte à des difficultés professionnelles? qui va me rappeler l'absurdité des sciences de l'éducation à la Piaget ou à la Dewey lorsque je devrais affronter "la science des déserts"? qui va rafraîchir ma mémoire avec la didactique des matières quand je devrais préparer les fiches pour une "salade" de classes et de disciplines? . (les cours à niveau multiple étaient la bête noire des "instits" . Parfois ces derniers devraient enseigner quatre niveaux dans une seule classe, deux c'était la norme.un enseignant devrait préparer parfois seize fiches quotidiennement. Une tâche absurde...)
Qui va m'aider à passer les nuits?. Qui serait mon bouffon?avec qui "jaser" et pour qui raconter la belle vie au centre de formation des instituteurs et des institutrices?. Pour qui raconter mes balades à "Sbata",à "Hamria", les après-midis au cinéma "Caméra". Les insouciantes virées à Meknès l'envoûtante .
Les "disciples" m'aidaient à meubler l'espace. Nous devrions se débarrasser de la poussière. Nous devrions "nettoyer" les murs d'une classe qui racontaient tant d'histoires sur ces collègues qui m'y avaient précédé. Ils avaient célébré leur passage par des expressions inoubliables, immortelles, éternelles, intemporelles. Ces expressions rappelaient leur souffrances. C'était une mémoire conservée de déperdition jusqu'à l'arrivée du nouveau "maître des lieux" qui les consignerait en son for intérieur comme une relique.Elles seront là comme un secret enfoui, qui se refuse à toute confession.
L'enseignant n'avait pas de domicile au douar. (un célibataire avait plus de difficultés à habiter parmi les villageois. On dirait le mariage était un sésame qui lui ouvrait le cœur des habitants. C'est la voie pour acquérir leur confiance et bienveillance (NdT)
Des habitants m'avaient informé que la minuscule chambre , cise à la classe, servait de demeure pour l'enseignant. J'ai pesé le pour et le contre sur l'éventualité de prendre pied-à-terre chez les habitants, j'avais horreur de la solitude. J'y avais pensé cent fois et je ne savais pas si le coup de ciseaux que j'avais fait avait été le bon ou un de trop. (un proverbe marocain stipule que cent et une pensées valent mieux qu'un coup de ciseaux car si entrepris, c'est irréversible. Le dommage si il y en a un est définitif! "(NdT).J'ai imité mes prédécesseurs.J'ai choisi le" logement" offert par l'école. Je m 'étais aussi inspiré de leur organisation de l'espace. Les pupitres étaient groupés en quatre. Une natte en plastique les couvrait et un oreiller , confectionné par les soins de ma pauvre mère,voilà à quoi ressemblait mon lit de fortune. Deux autres pupitres me servaient de table à manger et deux autres, de bureau. La cuisine, elle, était aussi un jumelage de deux pupitres, mis à côté de l'armoire .C’était juste le nom d'une cuisine. Il n'y avait qu'un peu de l'huile, du sel et des colorants (tehmira,une substance octroyant la couleur rougeâtre d'un repas) . (parfois on se demandait si les pupitres étaient réservés aux élèves ou à l'enseignant. C'est vrai, les effectifs sont réduits, parfois très réduits. La question ne devrait pas se poser pour autant).(NdT)
Grâce aux pupitres, j'ai "conçu" la chambre à coucher, le salon, une chambre pour la lecture et la cuisine. Seul le W. C n'avait pas son "association" de pupitres. C'était un vaste W. C, plus vaste que celui d'un citadin ordinaire. Il était, disons!, plus grand que celui d'un ministre sauf que j n'avais pas le privilège de s'y soulager tout seul(je ne sais pas d'où vient cette fixation de l'instituteur sur son ministre de tutelle. Probablement pour l'écart phénoménal entre les standards de vie des deux. Peut-être aussi parce que certains hauts fonctionnaires ont l'habitude d'affublee l'instit d'un "mon fils" "wlidi", sauf que ce n'est pas un fils dont on se préoccupe de la destinée comme on l'aurait fait pour un chanceux rejeton! . Dans les premiers jours de ma "carrière", je lisais les "rois maudits" de Maurice Druon. Dans un chapitre, un enseignant prononçait une oraison funèbre devant le ministre de l'instruction publique. Admiratif et surpris, ce dernier avait solennellement remarqué que c'est dommage qu'un tel talent oratoire soit gaspillé dans une carrière ingrate. Constatation : les enseignants ne sont pas bien lotis partout et pas seulement chez nous, dans nos pays sous-développés) (NdT)
Nous avons nettoyé la classe. Elle était bien construite, solide et au milieu, deux piliers soutenaient le toit. Les poutres étaient un gage contre l'écroulement de la "bâtisse" sous l'emprise des tempêtes (et Dieu sait qu'elles sont nombreuses à sévir dans ces coins perdus! ). Toutefois, elles constituaient un obstacle. Elles divisaient la classe en deux parties. Le tableau noir n'était pas visible pour tout le monde. Le savoir n'était pas partagé équitablement entre les "disciples". La classe avaient des fenêtres dont quelques fentes laissent passer davantage de vents et du froid que de lumière! . "Mademoiselle shams (soleil) l" arrivait tardivement pour nous éclairer et nous chauffer de ses "tendres" rayons. (Le soleil est un substantif masculin. La traduction littérale va causer une anomalie syntaxique, on s est permis d' user le terme arabe pour désigner ce grand astre!)(NdT) . Elle se confondait en excuses car Monsieur " mont" l'avait séquestrée tout en lui interdisant de se "lever" le matin et c'est à cause de lui que monsieur le "noir" était maître des lieux le matin et arrivait hâtivement l'après-midi. Par conséquent, Mr "l'instit" ne commençais alors à "bosser" que vers neuf heures.
Ma première journée d’instituteur touchait à sa fin. Les "disciples" partirent. Ils m'avaient livré à moi-même,à cette solitude que je craignais plus que tout.J'étais une fois de plus tête à tête avec les sublimes montagnes Saghro. La nouvelle de la venue du "nouveau maître" s'était répandue comme le feu dans une botte de foin. C'était un événement dans ce coin perdu qui manquait si cruellement de distractions.
Il faut se coucher!
Demain ce sera la première journée de classe....
NdT (note de traduction)
À suivre.
Écrit par: Youssef El Ansari
Traduit par :Mostapha Lotfi Glillah 

A SUIVRE 
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